Une page couleur lavande
- Marie-Thérèse Peyrin
- 4 févr.
- 2 min de lecture
Ce n'est pas un hasard si j'ai choisi cette couleur pour mon nouveau site personnel.
La lavande, son parfum fait partie de mes plus lointains souvenirs d'enfance. Notre mère en mettait partout, dans les petits sachets de toile qu'on vend aujourd'hui aux touristes, conditionnés en chapelets, avec des savonnettes et des torchons-parapluies brodés pour l'essuyage des mains. La lavande du sud est une madeleine de Proust pour moi. Lorsqu'elle est absente dans mes placards, je considère que la maison est abandonnée, car elle a perdu ce qu'elle avait de protecteur contre la saleté et les microbes. Illusoire bien sûr...moi qui n'ai pas été très longtemps mère au foyer (à peine deux ans et demi à ma troisième grossesse), je connais la différence entre une maison accueillante parfumée et une maison où tout le monde passe en coup de vent, soulevant la poussière et semant un désordre permanent. Pendant presque quarante ans, c'est pourtant ce que que j'ai partagé avec les miens. Je ne regrette bien sûr pas d'avoir choisi la vie active et un métier où j'ai grandi humainement. Mais la double- journée dont on parle encore à propos des femmes ne m'a pas laissé que des sentiments de gloire et d'héroïsme au quotidien. La génération d'avant en a pâti beaucoup plus que moi et mon envie d'écrire n'est pas étrangère à ce constat. Je ne suis pas Annie Ernaux, je ne veux pas "venger ma race", ni témoigner de vies que je n'ai pas vécues moi-même. Je sais qu'écrire c'est aussi s'approprier des vies qui ne nous appartiennent pas. Je sais qu'écrire c'est parfois trahir, à force de se taire, ou à force de vouloir montrer ce que d' autres autour ne veulent pas voir. En tout cas pas de leur vivant. Est-ce que la fiction résout ces sempiternelles questions de loyauté ? Je n'ai pas la réponse et plutôt l'envie d'aller en direction des formes littéraires moins abruptes et frontales. C'est pourquoi je lis beaucoup de poésie.




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