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Des hommes brisés ?

  • Photo du rédacteur: Marie-Thérèse Peyrin
    Marie-Thérèse Peyrin
  • 11 nov.
  • 2 min de lecture

11 Novembre en France et le regard des grands-pères de ma famille... Ils ne nous l'ont jamais raconté leur guerre de 14-18 ces deux hommes (parmi des millions d'autres qui sont morts). On ne raconte pas la guerre à des gamins de 8 à 12 ans. On les regarde en silence, comme s'ils étaient des rescapés ignorants de ce à quoi ils ont dû leur naissance après la catastrophe. Je les revois ces deux là, surtout leur silhouette , l'un maigre, l'autre épaissi par le sucre, ils ne se fréquentaient pas, ils n'étaient pas du même monde même s'ils provenaient d'un même paysage strié de vignobles. Ils n'avaient pas eu la même vie, mais ils avaient été enrôlés au même âge, l'un dans les Balkans, l'autre dans l'infanterie pas trop loin puis prisonnier en Allemagne. Ce ne sont pas eux qui ont transmis leur sombre mobilisation. Les archivistes de leur descendance ont révélé quelques détails, trop peu pour ne pas engendrer une manière de reconstitution à vocation de légende. Je pense à eux tous les 11 Novembre, peu après avoir fleuri leurs tombes qui ne se ressemblent pas. Tombe de riche en marbre , tombe de pauvre en ciment, je les aime toutes les deux. Je fleuris doublement la seconde. Celle du jardinier qui a été boulanger pendant la guerre et repose avec sa seconde femme italienne que j'ai connue . Celle du propriétaire -récoltant et représentant de commerce qui repose avec sa seconde épouse un peu trop névrosée et jalouse qui lui a survécu. Les faits de guerre figurent fièrement sur le marbre. Sur le gravier , la mention d'un fils réfractaire STO décédé du Typhus à Dachau à la libération a été inscrite sur une plaque où je viens de mettre son portrait. Il faudrait raconter les histoires de chacun.e mais cela fait trop de détails pour une mémoire collective. Une mémoire est toujours individuelle et subjective. N'empêche. De ces deux anciens soldats nés avant 1900, je revois deux regards ravinés par le souvenir, deux êtres bousculés qui essaient de donner le change. Leur vie n'a engrangé que des histoires qu'ils ont très peu décidées. Tout juste, l'amour du vin qui fait oublier la mort mais ne peut la toiser. Des hommes brisés ?

 
 
 

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