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Il dit qu'il veut fuir l'anecdotique...

  • Photo du rédacteur: Marie-Thérèse Peyrin
    Marie-Thérèse Peyrin
  • 26 févr.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 mai

Il dit qu'il veut fuir l'anecdotique dans l'écriture... Selon lui, celle-ci devrait être épurée de tout ce qui ne va pas à l'essentiel. Il cherche où se trouve l'essentiel. Il a laissé une oeuvre inachevée. Tous ses mots ont été comptés. Il s'est inspiré de la sagesse ancienne et de ses écrits lapidaires et prescriptifs. La nature humaine et l'aventure humaine sont universelles, quelles que soient les histoires. Toutes les émotions traversées et les expériences engrangées ont été vécues et seront revécues, dans leurs apogées comme dans leurs fourvoiements en passant par leurs détails notables. Il a erré longtemps dans sa langue maternelle pour extirper les phrases à transmettre. Il y a consacré presque toute l'intégralité de sa vie d'adulte. Il dit être sorti de l'ombre et vouloir retourner dans l'ombre. Il a laissé derrière toutes les questions irrésolues. Il a été un être doux et coléreux à la fois. Un être généreux et rancunier à bas bruit. Il a été un ami fidèle et versatile. Il a été humble et ambitieux en sourdine. Il a été un être contradictoire et résolu. Il a eu des goûts futiles et exigeants par défi résiduel. Il a aimé et quitté avec facilité ce qui ne lui convenait plus. Il s'est tenu loin de l'esprit de possession par crainte d'être abandonné. Il n'a pas tout dit, seulement l'essentiel. En tout cas , ce qui avait à être dit, avec la moindre des inexactitudes possibles. Les faits et leurs conséquences. Il a écrit des poèmes pour rester au plus près de ses blessures. Il a transmis ses poèmes et son journal inachevé jusqu'à ce que la maladie emporte ses forces physiques et mentales, et le reste de son courage. Il n'a pas fait fortune, est resté économe, mais il a apprécié le confort sobre. Dehors. il a rencontré quelques journalistes, plusieurs centaines de personnes, en majorité des femmes, dans des cafés. Il les a écouté.e.s, se nourrissant de leurs trajectoires, préférant les plus résilientes. Il a aimé participer à des émissions télévisées ou des colloques malgré sa timidité et son sentiment d'indignité. Il a pris de l'assurance au fil des années et en était fier. Il a perdu pied peu après la mort de sa compagne. L'effondrement psychique a suivi le déclin physique rapide. Sa fin de vie a été triste et recluse dans une chambre d'E.P.H.A.D. vieillotte. Son cercle amical lui a été confisqué à son insu. Il est mort en institution lui qui croyait jouir d'une liberté inaliénable, grâce à l'écriture. Son passage sur terre n'aura pas été anecdotique pour nous ses lecteurs et lectrices. Il nous laisse à méditer sur le rôle de l'écriture dans une vie.

 
 
 

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