Devant le réel
- Marie-Thérèse Peyrin
- 27 févr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 mai
Devant le réel une hésitation à transcrire ce qui peut s'oublier facilement. C'est une question de patience et de distance dans le raisonnement diurne. Les rêves sont un magma d'images glissantes et de sentiments acérés qui percent la conscience comme dans les éruptions soudaines et violentes. Volcans rouges, volcans gris on apprend à vivre avec, on s'éloigne si l'on peut, on les oublie eux aussi quand ils semblent endormis. Chaque soulagement est aléatoire. Chaque réveil est une énigme aux portes de l'inconscient. Rejoindre le quotidien est parfois difficile, une inquiétude sourde s'installe en toi comme une épaisseur de cendres que tu peines à évacuer. Elle semble s'accumuler au fil des années et te rend plus passive et perplexe. Tu as peur pour les autres et pour toi . Trop de dangers se profilent et tout peut disparaître en un rien de temps. Se préparer à cela ? Tant d'êtres et de peuples se font surprendre. Tu écris comme tu marches , un pas devant l'autre, tu ne recules pas devant les mots. Tu les laisses venir comme des témoins indifférents, presque neutres. Ils se laissent juxtaposer, tandis que ton regard caresse les dernières branches d'un arbre bourgeonnant rivalisant de hauteur avec les maisons et immeubles de la grande ville surpeuplée. Celle dont tu ne perçois que les contours et les fenêtres obscures. Tu écris dans une ville, devant une fenêtre qui t'offre un vaste panorama qui ne te dit rien des gens qui y mènent leur vie, inconnue de toi. Les rues du quartier te sont familières pourtant, depuis plus de quarante ans, mais elles sont sans charme, hormis la belle école maternelle et primaire plus que centenaire que tu connais bien. Les destructions de pâtés de maisons, individuelles ou non sont incessantes et de nouveaux édifices les remplacent avec les normes écologiques qui les rendent moins énergivores mais moins ouvragées. Leur uniformité les rendent impersonnelles. Les formes sont rectilignes et le blanc sablonneux ou gris domine. Cependant que les prix grimpent et aggravent la fracture sociale. Comme à Paris le centre s'éloigne et la banlieue lui colle aux basques ... Tu observes cela comme une anomalie inévitable. La verdure se retrouve sur les toits...Une folie humaine de grégarité explosive... Tu penses aux porcs -épics... Tu penses aux pays bombardés réduits en miettes...Et tu trembles... Ton espace à écrire te paraît aussi vulnérable qu'un nid d'oiseau au Printemps. Tu es là pourtant. Pour l'instant. Les oiseaux passent dans des teintes pastel ou noir luisant, toutes ailes affairées... Ta fenêtre devient vivante en un clin d'oeil. Leur beauté te rassure...




Commentaires